Le 17 octobre dernier a été lancée dans les diocèses du monde entier la première phase du Synode sur la synodalité dans l’Eglise voulu par le pape François.

Mais que recouvre sur le fond ce terme sybillin dont on ne parle que dans le christianisme ?

Pour le pape François, « il n’y a pas d’alternative à la synodalité dans l’Eglise ». Il lance un synode pour « imaginer un futur différent pour l’Eglise ». Pour lui, « l’immobilité ne peut pas être une bonne condition pour l’Eglise  » « le mouvement est une conséquence de la docilité au Saint Esprit qui est le metteur en scène de cette histoire ».
Une chose est sûre « Personne ne peut être considéré comme simple figurant.  »  « Tout le monde est protagoniste » 
Cette première étape qui finira en août 2022 doit permettre « l’écoute de la totalité des baptisés »

Il y a aujourd’hui deux documents officiels pour avancer vers le synode sur la synodalité de octobre 2023 :Le document préparatoire (DP) qui explicite le fond de la démarche.
Le vademecum qui précise cette démarche et donne des pistes pour une mise en œuvre diocésaine.

Le document préparatoire

Le vademecum 

Qu’est-ce que la synodalité ?
 

« Marcher ensemble » pour discerner la volonté de Dieu pour son Église. Cela demande d’écouter ce que l’Esprit Saint dit à l’Église (Ap 2, 7) et pour cela ensemble nous mettre à l’écoute :De la Parole de Dieu et la Tradition vivante de l’Église.
Des uns et des autres, surtout ceux qui sont en marge.

3 mots (en sous-titre) pour entrer dans la démarche :Communion : Le mot « ensemble » est très fréquent dans ces deux documents. Il veut appuyer la dimension de l’Église « Peuple de Dieu » à travers lequel s’exprime le sensus fidei : cet instinct, ce flair des baptisés pour discerner l’appel de Dieu et la vérité de l’Évangile.
Participation : Ce processus nécessite la participation de tous, l’inclusion, l’intégration et l’écoute de ceux qui sont en marge ou qui se sentent exclus de l’Église, « car tous les fidèles sont qualifiés et appelés à se servir mutuellement grâce aux dons que chacun a reçus de l’Esprit Saint » (Vademecum 1.4).
Mission : Cette démarche synodale conduit et vise à vivre une mission plus fructueuse : mieux témoigner de l’amour de Dieu au sein de toute la famille humaine.

Pourquoi entrer en synodalité ?
 

Le pape François porte ce souhait pour toute l’Église depuis longtemps. A maintes reprises ces dernières années (discours, homélies, exhortations, encycliques…), il a eu l’occasion de préciser sa pensée pour finalement souhaiter un synode des évêques d’abord envisagé en 2022 puis repoussé en 2023, afin que sa préparation sur le terrain pastoral soit suffisante et consistante.

« Processus » est le mot clé ! Il ne s’agit pas de « faire de la synodalité » comme s’il fallait plaquer une activité ponctuelle, supplémentaire et contrainte à faire entrer dans notre agenda d’ici octobre 2023 avant de passer à autre chose. Mais il s’agit d’aider tous nos lieux d’Église, permettre que notre « être en Église » devienne plus synodal à travers toutes nos rencontres et à tous les niveaux. Le pape François affirme que « c’est précisément ce chemin de synodalité que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire »[1]

Ce processus est perçu par le pape François comme le remède nécessaire contre le cléricalisme (DP 6 : le document préparatoire fait ainsi plusieurs fois référence à la Lettre au peuple de Dieu du 20 août 2018). Ce processus permet à l’Église de « redécouvrir sa nature profondément synodale » (Vademecum 1.1) par une écoute respectueuse des uns et des autres. Le document préparatoire rappelle ce que saint Jean-Chrysostome pouvait dire : « Église et Synode sont synonymes » (DP 11). Au final, cela doit devenir « la manière ordinaire de vivre et de travailler en Église » (Vademecum 1.2).

[1] François, discours pour la cérémonie commémorative du 50ème anniversaire de l’institution du Synode des évêques (17 octobre 2015) 

Comment entrer en synodalité ?

Par une invitation très large : les deux documents insistent pour que l’ensemble des baptisés (et même au-delà) participent à ces rencontres : « il faut veiller tout particulièrement à impliquer les personnes qui risquent d’être excluent : les femmes, les handicapés, les réfugiés, les migrants, les personnes âgées, les personnes qui vivent dans la pauvreté, les catholiques qui ne pratiquent que rarement ou jamais leur foi » (vademecum 2.1).

Concrètement, cela ne peut être le cas que si les paroisses, par le biais des EAP, réfléchissent et décident en amont la manière de les inviter aux rencontres envisagées. Sinon, cet objectif ne sera jamais atteint et l’on risque « l’entre-soi ».

Par une véritable écoute : « Faites attention à la manière dont vous écoutez » (Lc 8, 18). Dans son discours du 17 octobre 2015, le pape François écrivait : « Une Église synodale est une Église de l’écoute, avec la conscience qu’écouter « est plus que le fait d’entendre » (EG 171). C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. » Se laisser transformer, surprendre même convertir par la parole de l’autre comme Pierre a été changé par son expérience avec Corneille (Ac 10).

Avec une question fondamentale : « Une Église synodale, en annonçant l’Évangile, « fait route ensemble ». Comment ce « cheminement ensemble » se passe-t-il aujourd’hui dans notre Église ? Quelles étapes l’Esprit nous invite-t-il à prendre pour grandir dans notre « cheminement commun » ? » (DP 26). Cette question peut se décliner à travers plusieurs thèmes proposés pour susciter une prise de parole plus facile

Dans la joie de cette démarche,

+ Olivier de Germay
Archevêque de Lyon

Franck Gacogne
et l’équipe pour une Eglise synodale