J’ai passé une journée dans un monastère : voici ce que j’y ai ressenti

Religion

Par Nicolas

J’ai passé une journée dans un monastère : voici ce que j’y ai ressenti

Je me suis souvent interrogé sur ce que pouvait être une journée au sein d’un monastère. Cette question m’a taraudé l’esprit jusqu’à ce que je me décide enfin à franchir le pas. Ainsi, par une fraîche matinée de mai, j’ai poussé les lourdes portes de l’Abbaye de Fontgombault, située dans l’Indre, pour y vivre une expérience d’immersion complète pendant une journée entière.

L’accueil monastique, premier contact avec le silence

Mon arrivée fut ponctuée par le son des cloches appelant à la prière matinale. Le Frère portier m’accueillit avec une simplicité désarmante, sans effusion, mais avec une présence authentique que l’on rencontre rarement dans notre monde agité. Cette qualité d’accueil, à la fois sobre et chaleureuse, m’a immédiatement mis dans une disposition particulière.

Je fus conduit à une petite cellule dépouillée où je déposai mes affaires. Nulle distraction, nul artifice. Seulement un lit étroit, une table en bois, une chaise et un crucifix au mur. La simplicité du lieu contrastait violemment avec mon quotidien surchargé de stimuli visuels et sonores. Je me souviens avoir ressenti un mélange d’inconfort et de soulagement face à ce vide apparent.

Le silence fut ma première grande surprise. Non pas un silence absolu, mais plutôt une absence de bruits parasites. On y entendait le vent dans les arbres du cloître, les pas feutrés des moines sur les dalles, le craquement discret du bois des stalles pendant les offices. Ce silence n’était pas une absence, mais une présence différente, comme si l’acoustique même du lieu avait été façonnée pour favoriser l’intériorité.

Rythmé par la liturgie des heures

La journée monastique s’organise autour de la liturgie des heures, véritable colonne vertébrale qui structure le temps différemment de nos journées ordinaires. Voici comment s’articulaient les principaux moments de prière auxquels j’ai participé :

  1. Laudes (5h30) – La prière du matin, au lever du jour
  2. Tierce (8h30) – L’office du milieu de matinée
  3. Sexte (12h00) – La prière méridienne
  4. None (14h30) – L’office de l’après-midi
  5. Vêpres (18h00) – La prière du soir
  6. Complies (20h00) – Le dernier office avant le coucher

Entre ces moments de prière commune, les moines vaquent à leurs occupations, travaillant dans les ateliers, les jardins ou la bibliothèque. J’ai été autorisé à rejoindre un groupe travaillant au potager. Leur façon de cultiver la terre manifestait une attention particulière, chaque geste semblant porter une intention qui dépassait la simple efficacité. Le Frère jardinier m’expliqua qu’ils considéraient ce travail comme une continuation de la prière.

Lors du repas de midi, pris en silence pendant qu’un lecteur proposait un texte spirituel, j’ai observé comment ces hommes mangeaient avec une conscience aiguë, sans précipitation. Cette façon d’habiter pleinement chaque instant, même les plus ordinaires, m’a profondément interpellé.

Les transformations intérieures ressenties

Voici un aperçu des principaux effets que j’ai pu observer en moi au cours de cette journée monastique :

Moment de la journée Sensation éprouvée Réflexion associée
Matinée Agitation mentale, impatience Prise de conscience de mon addiction aux stimulations
Midi Apaisement progressif Redécouverte de la valeur du silence
Après-midi Clarté mentale accrue Questionnement sur mes priorités quotidiennes
Soir Sentiment de plénitude Désir de préserver cette qualité d’attention

Vers quinze heures, alors que je me promenais dans le cloître, j’ai vécu un moment étrange que je n’avais jamais expérimenté auparavant. Une sensation de présence intensifiée, comme si chaque chose – les pierres, les plantes, la lumière filtrant à travers les arcades – devenait soudainement plus réelle. Le Père Abbé, avec qui j’ai pu m’entretenir brièvement, m’a souri en évoquant ce que Saint Benoît appelait « l’éveil de la conscience ».

Un retour différent au monde

Quitter le monastère fut plus difficile que je ne l’avais imaginé. Franchir à nouveau le portail m’a presque semblé violent, tant le contraste avec le bruit et l’agitation du monde extérieur était saisissant. Dans ma voiture, j’ai mis plusieurs minutes avant de me résoudre à allumer le moteur, savourant les derniers instants de ce silence habité.

Cette expérience d’une journée a laissé en moi une empreinte durable. Elle m’a révélé combien nos vies ordinaires peuvent être dissipées, fragmentées par mille sollicitations. Sans nécessairement adopter toutes les pratiques monastiques, j’ai rapporté dans mon quotidien certains principes : des moments de silence préservés, une attention plus consciente à mes actes, une façon différente d’habiter le temps.

En définitive, ce que j’ai ressenti dans ce monastère n’était pas une fuite du monde, mais paradoxalement, une manière plus intense d’être présent à ce qui est vraiment essentiel. Une leçon de vie que je continue d’approfondir jour après jour.

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