Il y a quelques jours, sous la voûte séculaire de l’église Saint-Étienne, j’ai ressenti une émotion que je croyais avoir perdue à jamais. Dix années s’étaient écoulées depuis ma dernière confession, dix années d’errance spirituelle où la foi qui avait bercé mon enfance s’était peu à peu éteinte. Ce retour vers les bancs de l’église n’était pas prémédité, mais plutôt le fruit d’un cheminement intérieur que je souhaite aujourd’hui partager avec vous.
Le vide existentiel de l’incroyance
Ma rupture avec l’Église s’était produite à l’âge de vingt-trois ans, après des études de philosophie qui avaient ébranlé mes certitudes. Le doute s’était installé comme un hôte indésirable dans mon esprit, remplaçant peu à peu la foi de mon enfance. Les arguments rationnels semblaient alors plus solides que les promesses d’une vie éternelle, et la science paraissait répondre aux questions que je posais jadis à Dieu.
Pendant ces années d’éloignement, j’ai construit ma vie sur d’autres fondations : carrière, relations, voyages. J’ai cru trouver dans l’humanisme séculier une réponse satisfaisante aux grandes questions existentielles. Pourtant, au fil des saisons, un sentiment diffus d’incomplétude s’est progressivement imposé, comme un espace vide que rien ne parvenait à combler.
Je me souviens précisément de ce dimanche d’automne où, marchant seul dans les rues de Roanne, j’ai ressenti cette absence avec une acuité douloureuse. Les feuilles mortes tourbillonnaient autour de moi, et leur danse semblait me rappeler la fugacité de l’existence. Était-ce vraiment tout ce que la vie avait à offrir ? Une succession de moments sans cohérence profonde, sans finalité transcendante ?
Les signes qui m’ont guidé vers le retour
Mon chemin de retour vers l’église s’est dessiné progressivement, jalonné de rencontres et d’événements qui, rétrospectivement, prennent l’allure de véritables signes. Ces moments charnières ont progressivement érodé la carapace de mon scepticisme, me préparant à une ouverture que je n’aurais jamais crue possible.
Parmi ces jalons significatifs, je peux identifier :
- La lecture des écrits de Thomas Merton qui m’a réconcilié avec l’idée qu’intellect et foi peuvent coexister
- La maladie soudaine de ma mère, qui m’a confronté à la finitude humaine
- Une conversation profonde avec un ami prêtre qui a su entendre mes doutes sans jugement
- La découverte d’une communauté paroissiale vivante et accueillante à Roanne
Le plus surprenant dans ce cheminement fut cette capacité de la foi à resurgir, comme une source longtemps enfouie sous les pierres du doute. J’ai compris que croire n’était pas abandonner sa raison, mais l’élargir pour embrasser une dimension supplémentaire de l’existence.
Ce que j’ai quitté | Ce que j’ai retrouvé |
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Une pratique religieuse par habitude | Une foi choisie et réfléchie |
Une vision dogmatique du catholicisme | Une spiritualité plus personnelle et nuancée |
La peur du jugement divin | La confiance en un Dieu d’amour |
Ce que la foi m’apporte aujourd’hui
Aujourd’hui, en franchissant à nouveau le seuil de l’église chaque dimanche, je ne retrouve pas simplement des rituels, mais une profondeur existentielle qui donne sens à ma vie. La foi retrouvée n’est plus celle, naïve, de mon enfance, mais une conviction adulte, ayant traversé l’épreuve du doute et en étant sortie plus forte.
Ce que je redécouvre dans ma pratique religieuse, c’est avant tout une cohérence intérieure. Les valeurs chrétiennes d’amour, de pardon et de service résonnent profondément avec mes aspirations personnelles. La liturgie, que je percevais jadis comme répétitive, m’apparaît désormais comme un ancrage dans une tradition millénaire qui transcende les modes et les époques.
Il y a quelques semaines, alors que j’assistais à un baptême dans notre paroisse de Roanne, j’ai été submergé par une émotion indicible. Les paroles ancestrales du sacrement, l’eau coulant sur le front de l’enfant, la communauté rassemblée – tout cela formait une harmonie parfaite qui parlait directement à mon âme. J’ai compris alors que ce retour à l’église n’était pas simplement un choix intellectuel, mais une reconnexion avec quelque chose de profondément inscrit en moi.
Le chemin spirituel continue
Mon parcours spirituel n’est certainement pas terminé. Les questions et les doutes demeurent, mais ils ne sont plus des obstacles à ma foi – ils en sont devenus des composantes essentielles. Je comprends maintenant que croire n’est pas savoir, mais faire confiance malgré l’incertitude.
Si vous aussi vous avez quitté l’Église et que vous ressentez parfois ce vide existentiel, sachez que les portes restent ouvertes. Votre chemin sera différent du mien, mais peut-être trouverez-vous, comme moi, que la spiritualité offre une dimension à l’existence que rien d’autre ne peut remplacer.
Je termine en citant Saint Augustin, dont les mots résonnent particulièrement avec mon expérience : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. » Après dix années d’errance, j’ai enfin compris la profonde vérité de ces paroles.