Ce que j’ai compris de ma foi… en parlant à quelqu’un qui n’en avait aucune

Religion

Par Nicolas

Ce que j’ai compris de ma foi… en parlant à quelqu’un qui n’en avait aucune

Je me souviens encore de cette rencontre qui a bouleversé ma perception de ma propre foi. C’était lors d’un voyage en train entre Roanne et Lyon, un trajet que j’emprunte régulièrement pour rendre visite à ma famille. Ce jour-là, j’ai partagé mon compartiment avec un homme d’une cinquantaine d’années, physicien de profession. La conversation a naturellement dérivé vers nos occupations respectives. Lorsque j’ai mentionné mon engagement auprès de l’église de Roanne, son regard s’est illuminé non pas d’intérêt spirituel, mais de curiosité scientifique pure.

La confrontation inattendue avec l’absence de foi

Ce dialogue avec un non-croyant m’a profondément marqué. Non pas qu’il ait remis en question mes convictions – bien au contraire, il les a renforcées d’une manière que je n’aurais jamais imaginée. Face à ses questions directes et parfois déstabilisantes, j’ai dû formuler ma foi différemment, sans recourir aux expressions habituelles qui peuplent nos homélies dominicales.

« Pourquoi croire en quelque chose qu’on ne peut ni voir ni mesurer ? » m’a-t-il demandé avec un sourire bienveillant mais sceptique. Cette question, dans sa simplicité apparente, m’a forcé à plonger au cœur même de ma croyance. J’ai compris que ma foi n’était pas un simple héritage culturel ou familial, mais bien une expérience personnelle que je devais pouvoir exprimer avec mes propres mots.

Les arguments théologiques classiques semblaient soudain insuffisants face à cet esprit cartésien. Ce qui m’a frappé, c’est que pour la première fois, je devais justifier ma foi non pas devant d’autres croyants, mais devant quelqu’un pour qui le concept même de croyance semblait étranger.

Redécouvrir le sens profond de ma spiritualité

Cette conversation m’a permis d’identifier plusieurs dimensions fondamentales de ma foi que je n’avais jamais vraiment formulées explicitement :

  • La foi comme expérience relationnelle plutôt que comme adhésion à des dogmes
  • La dimension de recherche permanente qui caractérise tout cheminement spirituel authentique
  • L’importance du doute constructif dans l’approfondissement de la foi
  • La valeur de la tradition catholique comme cadre interprétatif d’expériences humaines universelles

En expliquant que ma foi n’était pas une certitude absolue mais plutôt une confiance raisonnée, une espérance active, j’ai vu son regard changer. Non qu’il se soit converti dans ce train entre Roanne et Lyon ! Mais il a semblé comprendre que la foi pouvait être intellectuellement honnête et existentiellement significative.

J’ai alors réalisé que ma foi n’était pas un système clos mais un dialogue constant – avec Dieu certes, mais aussi avec le monde, avec les autres, et avec moi-même. Une conversation perpétuelle qui m’invite à grandir, à questionner, à douter parfois, pour mieux croire ensuite.

Entre raison et mystère : le paradoxe fécond

Ce qui m’a particulièrement marqué dans cet échange, c’est la découverte que ma foi chrétienne pouvait être présentée comme un équilibre subtil entre plusieurs dimensions complémentaires :

Dimension Expression dans la foi
Rationnelle Recherche de cohérence et de sens
Mystique Ouverture à l’ineffable et au transcendant
Éthique Engagement concret au service du bien commun
Communautaire Appartenance à une tradition vivante

Mon interlocuteur a paru particulièrement intéressé par l’idée que la foi catholique ne demande pas d’abandonner la raison, mais plutôt de reconnaître les limites de la rationalité face aux questions ultimes de l’existence. J’ai pu lui expliquer que la théologie catholique, depuis Thomas d’Aquin, affirme la complémentarité entre foi et raison, et non leur opposition.

En définitive, cette rencontre fortuite m’a offert le cadeau inestimable de redécouvrir ma propre foi. En tentant de l’expliquer à quelqu’un qui se situait complètement en dehors de mon univers de référence, j’ai été contraint d’abandonner le jargon ecclésiastique et les formules toutes faites pour revenir à l’essentiel.

Le renouvellement de mon engagement spirituel

Depuis cette conversation, ma manière de vivre et de partager ma foi a profondément changé. Je suis devenu plus attentif aux questions des personnes éloignées de l’Église, comprenant que leurs interrogations, loin d’être des attaques, constituaient souvent des opportunités précieuses d’approfondissement mutuel.

Je me suis également rendu compte que ma responsabilité avec mon expérience de croyant n’était pas de convaincre à tout prix, mais plutôt de témoigner avec authenticité d’une expérience personnelle tout en respectant profondément le cheminement d’autrui. La foi véritable s’avère être moins une position défensive qu’une ouverture confiante au dialogue.

Finalement, c’est peut-être là le paradoxe le plus fécond de la foi chrétienne : c’est souvent en la partageant avec ceux qui ne la partagent pas que nous en visitons toute la profondeur.

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